Tu ne vas pas comparer Oran et Saint-Denis, quand même !

La police a donné l’assaut à Saint-Denis, la période est au ménage et c'est tant mieux. Je n'ai pas mis les pieds à Saint-Denis depuis mon enfance quand ma mère nous emmenait, ma soeur et moi, faire les courses dans la grande rue piétonne. A l'époque, les grands centres commerciaux n'existaient pas et dans notre petite ville du Val d'Oise, il n'y avait pas beaucoup de boutiques pour s'habiller.
La ville de Saint-Denis a terriblement changé en 30 ans, je pense qu'on a fermé les yeux sur trop de dérives, les enflures de salafistes se sont installés doucement mais sûrement et on commence à payer très cher ces erreurs.


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Une enseigne, à mes yeux, symbolise cette conquête des esprits. Sur la grande avenue, face à l’arrêt de tram, à côté de l’énorme Mak d’Hal, ce fast-food qui reprend les codes graphiques de McDonald’s, jusqu’à la borne interactive de commande, pour des hamburgers 100 % halal, elle n’attire pas le regard. Mixte coiffure pourtant, n’est pas un salon banal. Comme son nom ne l’indique pas, ce salon est réservé aux femmes et, en fait de mixité, la patronne donne à ce mot riche un sens particulier.

Alors que je suis en arrêt devant le mes sage publicitaire collé sur sa vitrine, elle sort et m’explique : « Quand j’ai ouvert le salon, ça fait neuf ans, j’ai voulu l’appeler “Mixte” parce que j’aime bien ce mot. Mais ici, c’est mixte parce qu’il y a une salle spéciale pour les femmes voilées, à l’abri des regards. » Cette femme est d’Oran, comme moi. Elle vient d’un quartier plus bourgeois que celui où j’habitais. D’abord en français puis en arabe, on badine. Pour dire qu’elle ne porte pas le voile, elle dit : « Je sais que c’est un commandement, mais moi, c’est comme ça, je suis en décapotable. » Je lui dis : « D’où t’est venue cette idée de coiffer les voilées à part ? Je n’ai jamais vu ça, même à Oran... » Pas décontenancée, la coiffeuse : « Tu ne vas pas comparer Oran et Saint-Denis, quand même ! »

Ici, m’explique- t-elle, les musulmans vont au bout de leur foi. Ce constat, combien de fois l’ai-je entendu, ces temps- ci ? D’Alger ou de Sétif, les amis reviennent effarés. « Au marché de Bab-El-Oued, les amoureux se tiennent par la main », me rapporte un ami comme s’il avait croisé un canard parlant anglais en allant chercher sa baguette. « Des femmes qui prennent un verre en terrasse, entre copines, c’est naturel là-bas alors qu’ici, ça nous surprendrait », se désole un autre compagnon. 
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